LEROY René (1924-1944) , 1ère DFL

Bataillon de Marche 4

Mort pour la France le 11 juin 1944 à Montefiascone (Italie)

Lieu où fut tué le soldat Leroy (Henri Beaugé)

René Ernest LEROY est né le 23 octobre 1924 au Havre. 

 

Il s'engage en tant que soldat de 2e classe au Bataillon de Marche 4 de la 1ere Division Française Libre.

 

Il  va participer avec son bataillon à  la campagne d'Italie.

 

Le BM 4 dans la Campagne d'Italie

 

e 12 avril 1944, les hommes du BM 4  ont pris à Tunis le train pour Bône et s'embarquent le 17 sur le s/s Durban Castle, pendant que les véhicules sont chargés sur le s/s Roselinde. Les hommes débarquent le 20 au port de Naples, encore ravagé par les bombardements de l'aviation alliée et sont transportés d'abord à Frignano Maggiore, puis à Montemarano et Castelvedere di Calore, en attendant la proche offensive contre la ligne Gustav.

La qrande offensive du forcement de la ligne Gustav commence le 10 mai 1944. D'abord en réserve de division, le Bataillon de Marche N°4 est engagé le 16 mai sur les hauteurs du Rio Forma Quesa avec mission de nettoyer la vallée. II se heurte là à des résistances acharnées et ne réussit à franchir le fleuve que le 20. Le lendemain, il atteint la route Pico-Pontecorvo et occupe la cote 160. La bretelle Hitler de la ligne Gustav est crevée. L'âpreté des combats peut se mesurer à la distance parcourue : 15 kilomètres en 5 jours ! L'Allemand se replie et l'exploitation commence le 30 mai. Le soir même le Bataillon de Marche N°4 est à 40 kilomètres au nord de Pontecorvo. Le 6 juin, ses éléments sont devant Tivoli où la 2e brigade pénètre le 7 juin.

 

Après la traversée de Rome, la poursuite s'accélère. Le contact n'est repris qu'au nord de Viterbo, devant Montefiacone.

C'est le Bataillon de Marche N°4 qui s'empare de la ville, le 10 juin, après un assaut de deux compagnies appuyées par les chars. Malheureusement une contre-attaque de nuit pénètre jusqu'au PC. de la 2" Compagnie et tue le Capitaine Daniel. Mais le terrain conquis fut néanmoins conservé… 

 

 

René LEROY, grièvement blessé le 10 juin à Montefiascone, décède le lendemain 11 juin  dans sa 20e année.

 

Il a été inhumé au cimetière de Viterbo,  rang 1, tombe 4.

LA MORT DU SOLDAT LEROY, témoignage de Henri BEAUGE, Compagnon de la Libération

 

10 juin 1944. Le bataillon doit forcer le passage par MONTEFIASCONE, chemin obligé de la brigade vers le Nord.

La ville, dont on aperçoit quelques vieilles maisons, près du grand dôme de son église est bâtie sur un escarpement que longe un profond ravin.

La compagnie Daniel doit attaquer par le sud, soutenue à sa gauche par les deux autres compagnies d’infanterie et notre compagnie lourde. J’ai ordre d’établir mes canons anti-chars sur la rive ouest du ravin, à 1500 m des vieux remparts de la ville.

La mise en place est délicate. Le terrain, très en pente, ne permet pas la traction des pièces hors des chemins. Je les dispose sous les arbres, près d’une ancienne chapelle, en bordure d’une route d’où l’on peut battre toutes les pentes qui remontent du ravin vers la ville.

La section est rapidement prise sous le feu d’un anti-chars allemand dont un premier obus frôle la 2e pièce, perce le mur de la chapelle et explose à l’intérieur…

J’indique aux chefs de pièces la localisation précise de l’arme, à droite de l’église, au pied d’un grand proche, et commande « feu à volonté ». Nos trois canons tirent… un bref duel s’engage. De Mareschal, à droite en contrebas, commande de même à ses mortiers.

Un second projectile allemand éclate cette fois près de la 3e pièce au moment où une énorme explosion fait définitivement taire le canon d’en face ! Notre tir a dû toucher son  dépoôt de munitions.

Nos gars débordent de joie ! … c’est à qui lancera son casque le plus haute en signe de victoire.

Qui l’a eu, les antichars ou les mortiers. Qu’importe, l’objectif est atteint, la voie est libre…

Mais le chef de la 3e pièce m’appelle :

« Leroy est blessé ! »

Il est étendu dans l’herbe, en bordure de la route, et saigne de blessures multiples.

« On a gagné ! mon lieutenant, on a gagné !

Oui, mon vieux Leroy, on a gagné.

Mais je crois que je vais payer ça cher ! vous pensez que je vais m’en tirer ?

Le toubib du bataillon fait des miracles… il va te réparer ça. »

Les servants de la pièce l’étendent sur un brancard et le placent dans ma jeep.

Le spectacle est atroce. Véritable pantin brisé, disloqué, démantibulé. Il pleure et murmure des mots incompréhensibles. Son sang coule en abondance du brancard au plancher de ma jeep.

Nous n’avons pas fait 500 m « ensemble ».

 

A toi la paix, maintenant, mon vieux LEROY, Tu laisses à tes copains le souvenir d’un brave type, bon, généreux, au point d’accepter sciemment qu’on en abuse…

Et Dieu sait qu’’ils en ont abusé !

Mais le plus grand service que tu leur as rendu, par ton extrême sensibilité, presque candide parfois, c’est bien celui de les avoir protégés contre le durcissement des cœurs que provoque cette besogne qu’il faut bien faire.

Au fond, ils étaient tous aussi sensibles que toi ; ce qu’il fallait, c’est que quelqu’un ait le courage de le manifester, de jouer les têtes de turc…

 

Et moi, je savais que tu n’étais pas dupe !

 

Extrait des Mémoires de Henri Beaugé, "20 ans en 1940 Chroniques de guerre d'un Français Libre". Diffusion familale.

Sources 

 

Dossier GR 16 P  366491 (non consulté)

AC 21 P 75923

Français libres.net