Qu'est-ce que la "France Libre" ?

Votre gloire sera, pour jamais, la compagne de notre espérance. — Général de Gaulle

La France Libre (1940-1943)

La France libre est issue du ralliement au général de Gaulle des Français qui veulent poursuivre la lutte contre l'Allemagne aux côtés des alliés britanniques

 

(...) « L’honneur, le bon sens, l’intérêt de la Patrie, commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront.

Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni, en fait d’éléments militaires français et de capacités françaises de production d’armement, doit être organisé partout où il y en a.

Moi, Général de Gaulle, j’entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.

J’invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l’air, j’invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi.

J’invite les chefs et les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi.

J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre.

Vive la France libre dans l’honneur et dans l’indépendance ! »

Charles de Gaulle, appel du 22 juin 1940

Dès le 18 juin 1940 et dans la foulée de son appel à poursuivre la lutte, les ralliements sont d'abord individuels. Officiers, soldats, ou simples citoyens rallient ainsi Londres et de Gaulle. Dès le 28 juin 1940, Winston Churchill, Premier ministre britannique reconnaît le général de Gaulle comme le « chef des Français qui continuent la guerre

De nombreux militaires français se trouvent en Grande-Bretagne au début de l'été 1940, évacués de Dunkerque ou membres du corps expéditionnaire de Norvège, mais seulement une faible partie de ces forces (3 000 à l'été 1940 en Grande-Bretagne) ralliera la France libre. La grande majorité choisira d'être rapatriée en France.

En juillet 1940, la France libre peut compter sur quelque 7 000 hommes. Ses effectifs vont croître notablement, en août-septembre 1940, à la suite du ralliement de plusieurs colonies africaines, océaniennes et asiatiques : Nouvelles-Hébrides (22 juillet), Tchad (26 août), Cameroun français (27 août), Congo (28 août) et Oubangui-Chari (31 août), Établissements français de l'Inde dits « Comptoirs de l'Inde » (7 septembre), Établissements français de l'Océanie (9 septembre) et Nouvelle-Calédonie (24 septembre).

Ces ralliements confèrent à la France libre une assise territoriale et donc une dimension étatique et non plus seulement militaire.

De la France Libre à la France Combattante

 

Le 24 septembre 1941 Charles de Gaulle crée à Londres un "Comité national français", c'est là la première structure gouvernementale. Le général de Gaulle n'est plus « chef des Français Libres » mais « Président du CNFL ». Même s'il n'existe pas encore d'assemblée législative, de Gaulle s'engage à « soumettre dès que possible les ordonnances du Comité à la ratification de la représentation nationale ». Le CNFL entend défendre les intérêts de la France dans le camp des Alliés et administre les territoires ralliés à la France libre, soit : l'Afrique équatoriale Française, le Cameroun, les Comptoirs français de l'Inde, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Nouvelle Calédonie et les autres possessions françaises du Pacifique.

 

Jean Moulin et l'unification de la Résistance

 

Avant de rejoindre Londres, Jean Moulin, avait pris contact avec certains des chefs des premiers mouvements de résistance, et en particulier avec Henri Frenay, chef de "Combat", qu'il avait rencontré à Marseille chez le Docteur Recordier. Son but était de rassembler les résistants de l'intérieur autour du général de Gaulle. Le retour de Laval au pouvoir en 1942, les persécutions antisémites, la création, après l'échec de la "Relève" du "Service du Travail Obligatoire" (STO), commencent à ébranler l'opinion. Le STO en particulier sera à l'origine des "maquis" où seront accueillis de nombreux réfractaires.

 

Jean Moulin, obtient conformément aux consignes de Londres, une séparation au sein de chacun des mouvements, de l'action militaire et de l'action politique. C'est le préalable nécessaire à la création d'une "Armée Secrète" résultant de la fusion des formations paramilitaires des mouvements de zone Sud : "Combat", "Libération" et "Franc-Tireur", et des cinq mouvements de zone Nord : "Organisation Civile et Militaire", "Libération Nord", "Ceux de la Résistance", "Ceux de la Libération" et le "Front National". Le général Delestraint accepte d'en assumer le commandement et se place ainsi sous les ordres du général de Gaulle, qu'il avait eu, avant la guerre, sous son autorité.

 

À partir du 3 juin 1942 l'autorité du Comité national Français et de son président, le général de Gaulle, est officiellement reconnue par l'ensemble des mouvements de la Résistance intérieure.

La « France libre » devient la « France combattante » le 13 juillet 1942 par une communication signée du général de Gaulle et approuvée par le Comité national.

La France Libre devient la France Combattante dans les actes officiels, mais le qualificatif de « Français libres » reste admis pour les combattants, les unités, les navires, les réseaux et les territoires qui l'ont acquis.

 

Le premier numéro du Journal Officiel de la France Combattante, édité à Londres et daté du 28 août 1942, homologue ce changement de nom et publie cette circulaire du 29 juillet 1942 de l'Etat-major du général de Gaulle :

« En prenant la décision de substituer l'appellation « France Combattante » à l'appellation « France Libre », le Comité national, prenant acte de l'adhésion de tous les groupements qui, à l'intérieur même du pays, participent activement à la Résistance, a voulu marquer que la « France Combattante » groupait à la fois la France Libre représentée par les Forces Françaises Libres, les possessions d'Outre-mer et les Français de l'étranger , et la France Captive qui lutte contre l'envahisseur et l'autorité usurpée du pseudo gouvernement fonctionnant sous le contrôle de l'ennemi ».

 

Avec le débarquement américain en Afrique du Nord de novembre 1942, la légitimité de la France libre est contestée par le président Roosevelt.

L'institution à Alger, le 30 mai 1943 du "Comité français de Libération nationale" (CFLN) et d'une Assemblée consultative provisoire répond aux voeux de la résistance. Après avoir été co-présidé par de Gaulle et Giraud, le CFLN, sous la seule présidence du général de Gaulle, prend à partir du 9 novembre 1943, la forme d'un véritable gouvernement où siègent d'anciens responsables des mouvements de résistance et des hommes politiques.

 

Le 3 juin 1944 le CFLN prendra la dénomination de "Gouvernement provisoire de la République française" (GPRF). Président d'un gouvernement d'unanimité nationale, le général de Gaulle, acclamé à Paris le 26 août et en province les jours suivants a réussi à rassembler les Français autour de lui. Le 23 octobre 1944, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS reconnaissent le GPRF. Grâce à Charles de Gaulle et à l'action menée par la France Libre depuis juin 1940, la France sera présente le 8 mai 1945 à la table des vainqueurs.

 

Article établi d'après les articles de Wikipédia et le site de la Fondation de la France Libre

 

Bibliographie

  • François Broche, Georges Caïtucoli & Jean-François Muracciole (dir.), Dictionnaire de la France Libre Robert Laffont, 2010
  • Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France libre. De l'appel du 18 juin à la Libération, Gallimard, 1996
  • François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), La France au combat: de l'appel du 18 juin à la victoire, 2007, Perrin, p. 149.
  • Jean-François Muracciole, Les Français libres, l'autre Résistance, Tallandier, 2009