Introduction aux Compagnons de la Libération du Havre

Entre 2012 et 2016, douze Compagnons de la Libération (nés au Havre,  y ayant longuement vécu ou y étant décédés)  ont été identifiés. Leurs noms figurent sur la stèle inaugurée en 2012 par la Mairie du Havre.

L'enquête autour de l'Odyssée des Français Libres du Havre a depuis révélé  les liens du Havre avec 3 autres Compagnons :

- Paul Legentilhomme (chef d'état major de la 1ère Division Française Libre) qui a étudié au Lycée François 1er ; 

- André Roux, commandant de la Marine au Havre ( 1957-1959) ;

- Roland Terrier,  inspecteur  de la navigation, (1961-1971)

Ces expressions illustrent la géographie et les évènements du parcours des Compagnons de la Libération havrais au sein de la France Libre entre 1940 et 1945

 

Une jeunesse volontaire

Militaires de carrière ou civils, tous sont VOLONTAIRES pour continuer le combat en refus de l’Armistice signé par le Maréchal Pétain et en réponse à l’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle

 

5 des Compagnons du Havre ont moins de 30 ans en juin 1940

Ils sont âgés de : 19 ans (Jean Ayral) 20 (Jean Maridor) 23 (Philippe Fratacci et Jacques Roumeguère) 27 (Bernard Chevignard), 28 (René Duvauchelle), 32 (Laurent-Champrosay) 33 (Henri Amiel), 37 (Henri Le Thomas) et 44 ans (Georges Dubois)

 

Jean Maridor

Jacques Roumeguère à Etretat avec des amis en 1939 - Avec sa future épouse, Bernadette Le Rat  : elle le croira disparu durant la totalité de la guerre

Le monde combattant de la France Libre

Appartenance des Compagnons havrais aux différentes composantes du monde combattant

Géographie et chronologie de leur engagement

L’ANGLETERRE en juin 1940, pour Jean Ayral, Jean Maridor et Jacques Roumeguère

 

Le 17, Jacques Roumeguère, fait prisonnier puis évadé en Belgique le 1er juin 1940 s’embarque de nuit au Cap Gris-Nez, dans une barque avec cinq britanniques. Engagé dans les Forces Françaises Libres, il est envoyé en Afrique Equatoriale Française puis rejoindra le 1er Régiment d’artillerie des FFL.

 

Le 24, Jean Maridor s’évade en embarquant, à Saint-Jean-de-Luz, sur l'Arrandora Star. Arrivé en Grande-Bretagne le 27 juin, engagé dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) avec le grade de caporal-chef, il suit les cours de pilotage de l'Operationnal Training Unit 61 (OTU 61).

 

Le 25, Jean Ayral, rejoint l’Angleterre via Gibraltar et entre dans la Royal Navy avant d’intégrer les F.F.L puis le B.C.R.A en février 42

 

La FRANCE pour Bernard Chevignard

 

Fait prisonnier et évadé en septembre 40, il passe clandestinement en zone libre où il est volontaire pour encadrer durant un an les chantiers de jeunesse de l’Isère ; en 1941 il commence à se livrer "en amateur" à des sabotages contre l'armée allemande.

 

LES TERRITOIRES DE L’EMPIRE FRANCAIS pour Henri Amiel, René Duvauchelle, Georges Dubois, Philippe Fratacci, Jean-Claude Laurent-Champrosay et Henri Le Thomas

 

Dès le 18 juin 1940, basé à Fort-Lamy (Tchad), Henri Le Thomas devient l'auxiliaire direct et l'homme de confiance du gouverneur Félix Eboué et des promoteurs actifs du mouvement du Tchad en faveur de la France libre

Le 4 juillet 1940, René Duvauchelle, pilote d'aviation à Bizerte en Tunisie, s'évade avec son radio sur un hydravion Latécoère de l'escadrille. Il rejoint Malte où il est engagé dans la Royal Air Force

Arrivé au Cameroun en août 1938, Philippe Fratacci est sergent lors de la déclaration de guerre. Le 20 août 1940, il déserte avec 16 camarades pour rejoindre les Français libres et participe au ralliement du Cameroun avec le commandant Leclerc avec lequel il arrive en pirogue le 27 août à Douala

Respectivement, en juillet, août et septembre 1940, Jean-Claude Laurent- Champrosay depuis la Haute-Volta (Burkina Fasso), Henri Amiel depuis l’Oubangui et Georges Dubois depuis la Nouvelle-Calédonie, rejoignent les Forces Françaises Libres

 

Des responsabilités dans l'organisation de la France Libre

Certains  Compagnons du Havre ont exercé des fonctions ou des responsabilités importantes dans l’organisation politique ou militaire de la France Libre

 

Henri AMIEL crée le Bataillon de Marche n° 2 de la 1ère Division Française Libre qu’il commandera notamment lors de la Bataille et du siège de Bir Hakeim

 

Jean AYRAL développe en France le réseau PAL et crée ensuite le Bureau des Opérations Aériennes (B.O.A). Il est ensuite affecté à l’Etat-Major du Général de Gaulle en juillet 43 à Alger dans le cadre du Débarquement de Provence

 

Georges DUBOIS, en tant que commandant supérieur des troupes de Nouvelle-Calédonie, apporte des renforts au Commandant Félix Broche au moment de la constitution du Bataillon du Pacifique (BP1)

 

Jean-Claude LAURENT-CHAMPROSAY, promu chef d'escadron après la prise de Damas (Syrie, juin 1941) forme avec énergie et compétence le 1er Régiment d'Artillerie des FFL qui prendra part à tous les combats de la 1ère Division française libre

 

Henri LE THOMAS, engagé dans les FNFL en novembre 1940 est affecté en 1941 à l'Etat-major de la Défense du Pacifique (commandant de la Marine en Océanie puis chef des transmissions des Etablissements français d'Océanie en 1941), chef des transmissions de Nouvelle-Calédonie puis inspecteur des services de transmissions du Pacifique en 1942). Chargé de différentes missions aux Etats-Unis en 1943, il prend une part active au ralliement à la France combattante de marins français du Richelieu, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à Londres et en France occupée

 

Leurs missions et leurs campagnes

 

Jean AYRAL est parachuté le 12 août 44 à Brue Auriac, à 50km au nord de Toulon pour préparer le Débarquement de Provence

 

René DUVAUCHELLE, au sein de la R.A.F, remplit des missions de reconnaissance au-dessus de la Sicile, de l'Italie Méridionale, de Corfou, de la Tripolitaine et de la Tunisie

 

Bernard CHEVIGNARD en mars 43, est chargé de constituer et d’entraîner une section spéciale du réseau "Turma-Vengeance" du Dr Wetterwald. Au total, la section spéciale de "Vengeance" réussira une centaine d’actions sous sa direction

 

Henri AMIEL, Philippe FRATACCI, Jean-Claude LAURENT-CHAMPROSAY et Jacques ROUMEGUERE participent entre 1940 et 1945 aux campagnes de la 1ère Division Française Libre : Afrique – Levant – Libye - Tunisie - Italie – Débarquement de Provence en août 44, puis poursuite de l’armée allemande (Libération de Lyon - Belfort -Vosges – Royan- Alsace -Authion)

 

Jean MARIDOR : à partir de juin 1944, les bombes volantes allemandes (V1) deviennent la cible privilégiée des chasseurs d'Angleterre et particulièrement de Jean Maridor qui en inscrit 10 à son tableau de chasse. Il totalise alors 776 heures de vol dont 380 de vol de guerre, 10 victoires aériennes et la destruction de 25 bateaux et de plus de 100 chars

 

Henri LE THOMAS participe au débarquement de Normandie, à Arromanches, en juin 1944

 

Jacques ROUMEGUERE, en 1943  est chargé par le général de Larminat  d’une mission clandestine de recrutement en Tunisie de jeunes volontaires afin de leur faire rejoindre la 1ère Division Française Libre

 

5 des Compagnons havrais sont Morts Pour la France en opération

11 janvier 1941 : au retour d'une mission sur Brindisi, l’appareil de René DUVAUCHELLE est abattu par la DCA italienne de Catane en Sicile

 

15 mars 1944 : Bernard CHEVIGNARD, arrêté à Paris par la Gestapo pour faits de résistance, emprisonné à Fresnes et torturé, est fusillé au Mont Valérien

 

18 juin 1944 : devant Radicofani (Italie), Jean-Claude LAURENT-CHAMPROSAY part en reconnaissance avec sa jeep quand, sur la route de Scotto Morte, il saute sur une mine. Transporté à l'Ambulance chirurgicale légère près d'Acquapendente, il décède le lendemain des suites de ses blessures et est inhumé à Rome

 

21 juillet 1944 : tragique erreur, Jean AYRAL est abattu lors de l’investissement de Toulon par une patrouille du Bataillon de Choc

 

3 août 1944 : Jean MARIDOR, au cours de l’une de ses dangereuses sorties aériennes, aperçoit au-dessus de la banlieue de Londres un V1 qui se dirige droit sur un hôpital. N'ayant pu l'abattre en vol, il s'approche à moins de 50 mètres du V1 qu'il détruit à coups de canon. Mais l'explosion de la bombe détruit en vol l'appareil de Maridor qui se sacrifie volontairement en détruisant sa onzième bombe volante