Histoire de la Famille Chevignard...

Ce témoignage a été établi en février 2012 par Monsieur et Madame Michel CHEVIGNARD (frère et belle-soeur de Bernard Chevignard)

Bernard Chevignard, automne 1939, rue Duban à Paris

Le 15 mars 2004, une grande partie de notre famille est venue au Mont Valérien commémorer le 60e anniversaire de l’exécution de Bernard le 15 Mars 1944 avec l’agrément du Ministère de la Guerre.

Les portes du Mont Valérien se sont ouvertes pour nous. Nous avons pu nous recueillir dans ce lieu mémorable.

Un de nos cousins Chevignard qui s’appelle aussi Bernard a écrit un petit livre racontant l’épopée de son grand cousin et de sa famille pendant cette période de résistance.

La maman de Bernard a été déportée à Ravensbrück et son jeune frère Alain, fusillé dans les Vosges à titre d’otage.

 

Bernard est né le 16 février 1913. Son père était Français, sa mère américaine.

En 39-40, il est affecté à Fontainebleau dans la cavalerie. Fait prisonnier en 40, il s’évade. Il arrive à passer en zone libre puis il remonte sur paris et s’engage dans l’armée de l’ombre. Il rejoint le groupe « Vengeance ».

Début 42, il forme des sections de choc. Entraînement de ces sections. Cela consiste essentiellement en vols d’uniformes allemands, de voitures, de papiers... Il échappe 2 fois aux Allemands.

Mais finalement il est arrêté à la piscine Molitor à Paris. Il devait entrer dans les cabines de bain où les Allemands déposaient leurs vêtements, un employé de la piscine le reconnait, le ceinture. Il se dégage, passe à travers une porte vitrée en jetant un tabouret. Sa sœur l’attendait avec un vélo pour qu’il puisse s’enfuir. Mais la foule sans savoir qui il était, se jette sur lui. Il est pris par la police et livré à la Gestapo.

Incarcéré au Cherche-Midi puis à Fresnes où il est torturé. Il est condamné à la peine de mort. Il sera fusillé au Mont Valérien.

La Famille de Bernard habitait (et habite toujours) dans un pavillon du 16e arrondissement. Son père était mort en 1943. Sa mère vivait là avec ses enfants. Un jour, on sonne à la porte, Madame Chevignard ouvre et, stupéfaction, ce sont les Allemands qui demandent Bernard. Or, il n’était pas là. Les Allemands pensent que ce n’est pas vrai, ils forcent la porte et fouillent la maison. Ils montent au 2e étage et trouvent, couché sur son lit, un pilote américain qu’hébergeait la maman de Bernard. Ils embarquent Madame Chevignard et le pilote. Elle fut internée à la prison de Fresnes et embarquée le 31 janvier 1944 en gare de Compiègne pour le camp de Ravensbrück. Elle fut libérée par la Croix-Rouge au début d’avril 1945. Elle mourut d’épuisement en Suisse sans avoir pu revoir ses enfants et la France.

Le gouvernement des Etats-Unis lui décernera la « Medal of Freedom ».

Sa maison à Paris avait été mise sous scellés par les Allemands. Impossible d’y pénétrer et il fallait se cacher. Quitter Paris. Lucie fut hébergée par des amis puis rejoignit sa sœur aînée ; Michel (mon mari) partit dans le Doubs dans un chalet prêté par des amis. Il y vécut ensuite et en contact avec des résistants de la région qui avaient des émetteurs clandestins ; Alain, 18 ans, partit pour Lyon pour y terminer de passer son bac. En été, étant embauché dans une colonie de vacances, il se trouva pris le 5 septembre 44 avec des amis dans un tragique engrenage et fut l’une des premières victimes des évènements de Charmes sur Moselle (Vosges) qui devint ce jour-là une ville martyre aux mains de l’armée allemande en déroute.

Voici l’histoire des Chevignard de la rue Duban.