Philippe Frattaci : 1941 - l'épopée africaine

En 1941, sorti de l’Ecole d'aspirants de Brazzaville, Philippe FRATACCI est promu aspirant.

Le texte ci-dessous est extrait des souvenirs de Roger NORDMANN. Il est affecté avec Philippe FRATACCI à l'éphémère Bataillon de Marche n° 6 qui traversa l'Afrique en juillet 1941 pour rejoindre le théâtre d'opération allié au Moyen-Orient 

"On nous a dit "On va faire une école d’officiers à Brazzaville"...

Sur les 51 de la section d’artillerie, vingt sont partis suivre le cours d’élèves officiers. Nous avons pris le bateau de Douala jusqu’à Pointe Noire et à Pointe Noire on a pris le Congo Océan, débarqués à Brazzaville où on nous a dit : "Il n’est pas question d’artillerie, on n’a pas les moyens de faire une école d’artillerie, ce sera l’infanterie !" Il y en en a quatre ou cinq qui ont refusé et qui sont retournés à la section à Pointe Noire ...

On suit donc le cours d’élèves officiers à Brazzaville, on sort aspirant, et certains sont affectés à Douala au Bataillon de Marche n° 6. Le 23 juillet 1941, un ordre de mission signé par le Lieutenant Colonel Lanusse, commandant le Bataillon mixte n° 6, affecte 15 aspirants aux Troupes du Levant.

Ordre de mission de juillet 1941 comportant

le nom de Philippe Fratacci en tête de liste

Source : Roger Nordmann

Nous voici partis de Douala pour un voyage extraordinaire : par le train jusqu’à Yaoundé - un train construit par les Allemands du temps où ils avaient le Cameroun. Là nous avons touché deux picks ups et nous sommes partis le long du parallèle en passant par Bangui, Bengassou, Buta au Congo Belge, pour arriver à Juba, au Soudan Anglo égyptien, premier endroit où le Nil est navigable.

 

Cette traversée de l’Afrique fut un étonnant voyage. Nous étions quinze et deux chauffeurs. Il y a des endroits où il n’y avait pas de route, on était dans la forêt vierge, mais dans l’ensemble on a eu des pistes, on n’a pas été obligés de couper des arbres. On passait les rivières sur des bacs…On arrivait dans les villages, les chauffeurs se mettaient à chasser des poulets pour nous les donner à manger.

Les 15 du Bm 6 passent l'Equateur...

(le sens de la légende inversé par rapport à la photographie) Philippe FRATACCI est debout

derrière le "I" du panneau  Equatoria"

© Roger Nordmann

Nous avons donc embarqué à Juba et descendu le Nil – croisière de rêve sur un bateau à roue pour gagner le barrage de Wadi Alfa parce qu’Assouan n’existait pas à l’époque. De là, nous avons pris le train pour Le Caire et enfin, nous avons rejoint Beyrouth en véhicule alors que la campagne de Syrie venait de se terminer. " (...)

 

Interview de Roger Nordmann réalisé par Florence Roumeguère pour l'Amicale de la 1ère Division Française Libre , janvier 2011