VANNESTE Henri ( 1922- 2003)  FNFL              Marine de Guerre                                                Cuirassé  Courbet,  Avisos Arras, Savorgnan de Brazza et Amiens, Président Houduce, Corvette Aconit, Frégate La Surprise

Nos vifs remerciements à Cédric Thomas, qui a consacré quelques pages à Henri Vanneste dans son ouvrage "Etretat 1339-1945".

Photo l'Estretatais - Copyright Cédric Thomas 

 

L’ENGAGEMENT D’HENRY VANNESTE EN  FEVRIER 1941

 

Né à Etretat le 23 janvier  1922, Henry VANNESTE embarque dès l'âge de 12 ans comme mousse sur les chalutiers fécampois pour les difficiles campagnes de pêche à la morue sur les bancs de terre-Neuve.

Après l'invasion de la France, le Georges Duhamel sur lequel il navigue ne peut plus accoster dans le port de Fécamp désormais occupé par l'armée allemande.

Le capitaine du chalutier  décide de rester un temps à Saint-Pierre-et-Miquelon qui vient de basculer dans le camp gaulliste.

En Décembre 1940, le navire met finalement le cap sur l'Afrique du Nord. Les Britanniques saisissent le Terre Neuvas. (1)

De Gibraltar, où l'équipage de son bateau a déposé les morues, le jeune marin étretatais embarque sur le Chasseur 11 Boulogne, navire d'escorte qui part pour la Manche (2).

Henri VANNESTE  profite de cette occasion pour rejoindre le sol britannique alors qu'il lui est offert la possibilité de retourner en France occupée (1).

 

Le 28 février 1941,  il signe (à 19 ans)  son engagement dans les Forces Navales Françaises Libres avec le grade de matelot manoeuvrier.

Durant un an et demi, le navire patrouille en Manche en prenant escale à Newport, dans l'île de Wight.

De simple matelot, Henry VANNESTE devient alors apprenti canonnier (2).

 

Sa parfaite connaissance des côtes normandes entre Le Havre et Fécamp va se révéler précieuse au début de l'année 1942, lors des préparatifs de l'opération Biting. 

Le profil d'Henry VANNESTE intéresse particulièrement les renseignements britanniques. Il corrige et apporte de précieux détails sur les premières maquettes représentant les hautes falaises d'Etretat et de Bruneval.

Henry VANNESTE sera d'ailleurs l'un des rares marins alliés mis dans le secret du raid commando du 27 et 28 Février 1942. (1)

(La préparation de cette opération engagea par ailleurs sur le terrain  deux membres du  réseau de résistance  Confrérie Notre-Dame-de Castille, dont le Havrais Charles CHAUVEAU).

 

Le 27 février 1942, le Chasseur 11 Boulogne  fait partie de l’escorte du raid sur Bruneval.

 

HENRY VANNESTE : « Le raid franco-britannique de Bruneval du 27 février 42, j'y étais, on faisait partie de l'escorte. On a fait le rembarquement des parachutistes, ils devaient être 150. Une opération sous les ordres du commandant dieppois François Joseph Montador : deux barges de débarquement, quatre chasseurs des Forces navales françaises libres (FNFL) et un croiseur. Ça faisait drôle, on était si près de chez nous, on n’avait pas revu la Normandie depuis presque deux ans. » (2)

 

HENRY VANNESTE EMBARQUE SUR LA CORVETTE ACONIT

 

Après plusieurs affectations qui l'amènent sur le cuirassé converti en caserne flottante et DCA Courbet, l'aviso Arras, l'aviso colonial Savorgnan de Brazza, l'aviso bâtiment d'instruction Amiens et la patrouilleur Président Houduce, il pose enfin son sac de marin à la fin de l'année 1942  sur la corvette Aconit, commandée par le lieutenant de vaisseau Levasseur (1). Il se spécialise en manœuvrier et devient Quartier-maître de manœuvres (2).

 

Construite en 1941 à Portsmouth et armée par la Royal Navy, le HMS Aconite, renommé Aconit, faisait partie des neuf corvettes mises à la disposition des FNFL par l'Amirauté britannique en juillet 1941.  Parmi les corvettes qui portaient un nom de fleur, l’Aconit porte celui d’une plante vénéneuse de montagne. Le navire avait ainsi un état-major et un équipage français de quatre-vingts marins, tous très jeunes. Pour ses débuts, l’Aconit fut affectée à la 1ère Division de corvettes rattachée aux forces d'escortes de Terre-Neuve (escortes de convois entre l'Islande et Terre-Neuve). Elle arborait sur sa proue le pavillon à  croix de Lorraine, symbole de résistance, insigne des FNFL. L’Aconit effectue sa première attaque contre un sous-marin allemand le 2 novembre 1941 puis prend part au ralliement du territoire de St Pierre et Miquelon.

 

La corvette Aconit - Copyright Fondation de la France Libre

 

Le 24 mars 1942, l'Aconit entend deux explosions sous-marines et aperçoit deux flammes bleues par tribord avant, fait route à toute vitesse sur le lieu de l'explosion : le pétrolier de 8 000 t Imperial Transport vient d'être torpillé par 46° 09' N - 41° 38' W. L'ASDIC étant en avarie depuis 3 jours aucune recherche ne peut être entreprise. La corvette stoppe près des embarcations et ramasse la totalité de l'équipage (51 hommes) sous la protection de l’HMCS Mayflower. Le 27 mars, la corvette débarquait  à St John's les survivants.

 

11 MARS 1943  : HENRI VANNESTE PARTICIPE AU GRAND FAIT D’ARME DE L’ACONIT

 

C'est au cours des mois suivants que la corvette connaît son plus haut fait d'armes dans les eaux glacées de Saint-Pierre-et-Miquelon : la destruction par éperonnage en moins de 12 heures de deux sous-marins allemands.

 

Le 11 mars 1943, l’Aconit navigue de conserve avec la Roselys la 438 et les destroyers anglais Harvester et Escapade en protection du convoi HX 228UNITEi de 10 bâtiments . Dès l'attaque du convoi par une meute de U-Boots allemands, l'Aconit reçoit l'ordre d'aller recueillir les survivants de trois cargos torpillés. Au même instant, l'Harvester, touché par la torpille de l'U 444, fait appel à l'Aconit, qui virant de bord, aperçoit le sous-marin à trois cents mètres de distance, ouvre le feu, et finit par l'éperonner. Stoppant ses machines, elle réussit à la lumière des projecteurs à recueillir quatre survivants du sous-marin qui vient de sombrer.

 

À 4 heures elle rallie le convoi mais reçoit un nouvel appel de l'Harvester en détresse. A 10h 30  elle obtient son relèvement gonio. A 11h, l'Harvester, désemparé, lui signale qu'il vient d'être à nouveau torpillé cette fois par l'U432 qui procède à un début d'immersion.  Ce dernier qui perd de l'assiette ne se doute pas que l'Aconit, ayant fait demi-tour, fonce sur lui après l'avoir repéré à l'ASDIC.

L’Aconit attaque à la grenade et au canon le U432 ; les obus du canon de 102 millimètres de l'Aconit, qui vient d'ouvrir le feu, vont toucher par trois fois le kiosque du submersible, qui sera heurté par la corvette sur sa lancée. L'U432 va disparaître sous les flots avec son équipage.

 

Le sous-marin U432 est désemparé. Le kiosque fume encore du coup 

de canon qu'il vient d'encaisser. Copyright Netmarine.net

 

La corvette parvient néanmoins à repêcher 24 prisonniers allemands, 4 de l'U-444 et 20  de l'U-432 dont l'officier en second, et à rallier l'Harvester qui vient de sombrer.

 

« Tout tremblait », se souvient Henry Vanneste en se remémorant la vingtaine de prisonniers récupérés à la mer.

 

L’Aconit prendra à son bord vingt Anglais dont le destroyer venait d'être attaqué par le U-Boot. Dix-huit marins marchands, qui avaient eux-mêmes été repêchés par le navire britannique, seront en même temps pris en charge par l’Aconit.

La corvette rejoint alors Greenock, étrave endommagée, ASDIC détruit, où elle est reçue sous les ovations.

 

Le 21 avril 1943, le Général de Gaulle remet la Croix de la Libération au lieutenant de vaisseau Jean Levasseur, accompagné du Contre-Amiral Philippe Auboyneau. Le Commandant en chef des FNFL remet de nombreuses autres décorations et citations aux membres de l'équipage de l'Aconit. 

Article de la presse Etretataise, non daté

 

DECEMBRE 1943 : HENRY VANNESTE EMBARQUE SUR LA FREGATE LA SURPRISE

 

L’Aconit fut mise en cale sèche à Glasgow en avril 1943, puis de décembre 43 à juin 45, la plupart de l'équipage suivit  son commandant sur la Frégate Surprise, toujours dans un rôle d'escorte.

C'est ainsi que l'Etretatais refit route pour la seconde fois vers la France, direction les côtes normandes du débarquement (2).

 

 

La frégate La Surprise - Copyright Ecpad/Fondation de la France Libre

 

 

Henry VANNESTE se trouve à bord le 6 Juin 1944 lorsque le navire escorte le cuirassé Nelson lors des opérations de débarquement sur la plage Sword. 

 

Après quatre années d'absence, il revient pour la première fois en permission à Etretat en septembre 1944. (1)

 

 

Henry Vanneste à Etretat en 1992 - Copyright Cédric Thomas

Henry Vanneste à Etretat  - Copyright Cédric Thomas

Article de la presse Etretataise, non daté

Après-guerre, en 1947, Henry VANNESTE  fait alors son grand retour à la pêche, devenant second maître ramendeur (2).

 

Il fut membre de l'Amicale havraise des anciens et amis de la France Libre.

Henry VANNESTE  est décédé le 19 décembre 2003, à l’âge de 82 ans.

Quelques jours avant son décès, un décret de la chancellerie de la Légion d'Honneur lui décernait la Médaille Militaire (1).

 

 

 

Ressources

 

Dossier administratif de résistant au SHD de Vincennes (non consulté) cote : GR 16 P 585501

 

Matricule : 4760 FN41

 

(1) Etretat 1939-1945. De l'occupation allemande au camp Pall Mall. Cédric Thomas, 2015  Lien

 

(2) Article de la presse Etretataise sur Henri Vanneste (non daté, archives AAFL)

 

La corvette Aconit :

site internet de l’Ordre de la Libération Lien

site internet Alamer Lien

 

La corvette Aconit au combat le 11 mars 1943. Rapport Aconit N°209/CDT du 14 mars 1943. Netmarine.net