PORRET Pierre   FNFL (1909-1997) FNFL        Marine de Guerre

Motor Launch 247 Saint-Alain, torpilleur Melpomène, Marine Nouméa, aviso Savorgnan de Brazza

Mise à jour 12/12/2022

Nos remerciements à Jacques Omnes et à Jean Loup Porret, fils de Pierre Porret

 

© Jean-Loup Porret

D'après les mémoires de Denise Porret, son épouse : 

 

Pierre PORRET est né à Creil le 5 décembre 1909.

Il commence sa carrière dans la marine marchande: 

Capitaine au long cours, il fait partie de la promotion 1930 du prestigieux navire-école Jacques-Cartier.

Après avoir navigué aux Chargeurs Réunis de 1927 à 1930, il entre à la Compagnie Générale Transatlantique et se trouvait premier lieutenant sur l' Alaska de la Compagnie  au moment de la déclaration de guerre en 1939.

Après la défaite de 1940, il entend l'Appel du général de Gaulle et envisage immédiatement de le rejoindre, mais il met près d'un an pour y parvenir.

Pierre PORRET réembarque à Marseille au cours de l'hiver 40-41, sur le Wyoming (2ème lieutenant, inscrit au Havre, n° 11.621), bateau de la Compagnie Générale Transatlantique qui partait chercher du ravitaillement en Martinique.

Arrivé aux îles, il cherche toujours une solution pour rallier les Forces Françaises Libres.

Il y parvient le 8 Mars 1941 lors d'une escale dans les

Caraïbes, dans l'île de Saint Thomas, proche des Antilles françaises et appartenant aux Américains qui, à cette date, n'étaient pas encore entrés en guerre.

Pierre PORRET déserte alors son bâtiment pour se confier au consul anglais de l'île.

Envoyé tout d'abord aux Etats-Unis il y survit grâce à des aides, car il avait laissé toutes ses affaires sur le Wyoming, pour ne pas attirer l'attention sur son geste.

 

Extrait du rapport de la C.G.T. sur la désertion de 10 membres d'équipage  du Wyoming à Saint Thomas -   Dossier TTY 840

 Ensuite, il retraverse l'Atlantique en convoi et atteint Birxham en Angleterre,  le 5 Mai 1941.

Ralliant Londres le 10 Mai, il est immédiatement envoyé dans une "patriotic school", où on l'interroge longuement pour juger le bien-fondé de ses motivations. L'examen se révélant favorable, et étant donné quil était déjà breveté de la Marine marchande, on le met tout de suite à la disposition de la Marine française , sous les ordres de l'amiral Muselier.

Engagé le 22 Mai, il poursuit sa formation à Greeenock, en Ecosse, base des bateaux destinés aux convois de l'Atlantique

Treize jours plus tard il est affecté à la 2e division de la 20e Flottille franco-britannique de Motor Launches.

Le commandement de la ML 247 Saint Alain lui revient.

© Jean-Loup Porret

Mémorial des FNFL

Du 15 Novembre 1941 au 15 Avril 1942, Pierre PORRET rejoint en qualité d'officier en second La Melpomène, seul torpilleur de 600 tonnes avec Le Bouclier, qui accompagne ces convois de l'Atlantique, et opère des patrouilles enManche et en Mer du Nord.

Compte tenu de la fragilité de ce type de bâtiment, son activité fut importante et méritoire, escortant et patrouillant en Manche et Mer du Nord, avec de nombreux engagements contre les avions ennemis.

Torpilleur La Melpomène

L'été 1943, il est envoyé en Nouvelle-Calédonie au sein d'un groupe d'une dizaine d'officiers , comme officier en second sous les ordres de l'Amiral d'Argenlieu, pour assurer une présence française à Nouméa, où les Américains commençaient à se sentir "un peu comme chez eux".

Cette mission dure du 1er Août 1943 au 27 Avril 1944.

A la fin de cette période, on lui propose de devenir administrateur de Wallis et Futuna. Il refuse, car il tient à rentrer en France, où la fin de la guerre se rapproche.

 

En avril 1944, Pierre PORRET embarque à Nouméa comme officier en second de l'aviso Savorgnan de Brazza sous les ordres du capitaine de frégate Jacquet.

L'aviso colonial comptait 200 hommes d'équipage. Le trajet depuis Nouméa passait par Ceylan, Madagascar, et le bateau devait accoster à la Ciotat.

A Ceylan, le commandant, malade, dut être débarqué sur les conseils du médecin du bord et Pierre PORRET en assure alors le commandement, de Ceylan à Madagascar, soit pendant deux mois et demi. A Madagascar, en Novembre 1944, les attendait le commandant Galleret, qui a remplacé le commandant Jacquet.

 

En Juillet 1945 le Savorgnan arrive à La Ciotat. Les parents de Pierre PORRET étaient sans nouvelles de lui  depuis plus de trois ans. Toutes leurs recherches dans les ministères et même sur les listes de disparus avaient été vaines. Enfin, en 1945, une de leurs amies avait pu savoir qu'il était en Nouvelle-Calédonie et sa mère s'est précipitée à La Ciotat pour être là à son arrivée.

 

Aviso Savorgnan de Brazza - Copyright Fondation de la France Libre

Affecté ensuite à la mission navale à Vienne, il y reste deux mois sous les ordres de la coalition des quatre pays vainqueurs (Angleterre, France, Etats-Unis et Russie).

Il est enfin démobilisé le 1er Mars 1946.

 

Pierre PORRET avait toujours l'idée de s'occuper du Pilotage du Havre, poste faisant l'objet d'un concours qu'il avait passé sans succès juste avant la guerre. Il prend une situation provisoire au Havre comme capitaine d'armement à la Compagnie Les Abeilles. Cette société armant des remorqueurs et des bateaux de sauvetage, appartenait alors à la famille Legrand.

Il se marie à Denise le 19 décembre 1946 en l'église de Saint Etienne du Mont. Ils effectuent leur voyage de noces en Angleterre, à Salcombe dans le Devon, où le couple dépense l'argent que Pierre y avait laissé pendant la guerre et qu'il lui était interdit de transférer en France.

A son retour, aucune date de concours n'ayant encore été fixée (le port du Havre avait été pratiquement détruit), il fut envoyé à Rochefort par "Les Abeilles" pour faire du relevage d'épaves dans la Charente.

Lorsqu'il fut de nouveau question du concours de Pilotage, il revient s'installer au Havre le 14Juillet 1947.

Fin Août 1947, Pierre PORRET est reçu au concours de pilotage, second sur cinq. Il avait alors seulement deux ans de plus que la limite d'âge.

Il est Pilote major du Havre entre 1947 et 1975.

De 1965 à 1974, il occupe également les fonctions de juge au tribunal de commerce, fonctions qu'il continua d'exercer après avoir pris sa retraite en 1975.

 

Pierre PORRET est décédé au Havre le 24 octobre 1997.

 

Il avait été décoré de la Croix de Guerre.

Ressources

 

  • Dossier militaire au SHD de Vincennes (non consulté) : GR 16 P  486466
  •  Dossier SHD : Cote TTY 840
  • Rapport du Commandant PORRET sur les dégâts de la ML 247 Saint Alain en 1941. Publié dans "L'Odyssée des 500 Français Libres du Havre" AAFL, 2015. Archives Adrien Abraham. 
  • Papiers de famille. Un long fleuve tranquille. Denise Porret, Editions Scripta, octobre 2001.