LAPORTE Xavier   (1924-2001)   FNFL            Marine de Guerre                                            Courbet, ML123 Saint Ronan, MTB 239, Corvette Aconit

Nos remerciements à François Xavier Laporte, fils de Xavier Laporte, et à Adrien Abraham

Xavier LAPORTE est né au Havre  le 14 Février 1924.

 

Il quitte la Bretagne à bord d’un petit bateau de pêche pour rejoindre l'Angleterre où il s'engage en juillet 1940 dans les FNFL.

 

A partir de l'été 1941, 4 vedettes Motor Launches - ML, furent cédées aux FNFL : ML 123 Saint-Ronan ML 245 Saint-Guénolé, ML 246 Saint-Yves, et ML 247 Saint-Alain.

Après une série d'essais règlementaires, elles furent incluses dans la 20e Flottille de Motors Launches franco-britannique.

Les ML FNFL constituèrent la 2e division de cette unité aux côté de la 1ère division de ML britanniques (ML 192, 262, 267 et 268). A 20 nœuds, ces petits navires de 70 tonnes escortent les convois alliés le long des côtes sud de l'Angleterre, de Land’s End à l’embouchure de la Tamise.

 

1941 - Inspection de l’Amiral Muselier à bord des ML © François Xavier Laporte

En Juillet 1941 le quartier-maître Xavier LAPORTE fut affecté à bord de la ML 123 Saint-Ronan commandée successivement par les enseignes de vaisseau Louis Daniélou (juillet 1941 à février 1942), Robert Bonneau (février à mai 1942) et l’officier des équipages Robert Abraham (mai à juillet 1942). 

 

Août 1941 - Xavier Laporte dans un canot de sauvetage de la Royal Air Force, à bord de la ML 123 ©Liliane Chaillet  archives A.Abraham

ML 123 Saint Ronan

1942 - Xavier Laporte à gauche , avec la casquette de son commandant Robert Bonneau (à droite,) à bord de la ML 123 en 1942 © François Xavier Laporte

 

En Mars 1942, la 1ère division des Motor-Launches participa avec d’autres unités à l’un des raids les plus meurtriers des Opérations Combinées, opéré par les Alliés sur les docks de Saint-Nazaire, au cours duquel, le 28 Mars, les 4 ML britanniques de la Flottille furent coulées. L'Amirauté britannique décida alors de les remplacer en choisissant de céder aux FNFL 4 nouvelles vedettes, les ML 182 Ile-de-Sein, 205 Ouessant, 269 Béniguet et 303 Molène.

 

Ainsi, la 20e Flottille de ML devient-elle entièrement française à partir de Mai 1942, composée de ces 4 nouvelles vedettes et des 4 anciennes (ML 123, 245, 246 et 247). Initialement basée à Portland, la 20e Flottille de ML s’établit à Weymouth à partir d'Avril 1942. Elle seconde dans la Manche les Chasseurs FNFL, poursuit ses escortes de convois, effectue des patrouilles défensives devant Weymouth et participe à des opérations de repêchage d'aviateurs Alliés en Manche.

Les ML participeront aux opérations jusqu’en Août 1942, avant d’être restituées à la Royal Navy dans l’attente de nouvelles vedettes plus performantes, de type Motor Torpedo Boat (MTB).

 

Ansi, en Août 1942, les Havrais Xavier LAPORTE venant de la ML 123 Saint-Ronan, Jean QUERTIER venant de la ML 245 Saint-Guénolé et Roger GENTIL, furent désignés pour armer la MTB 239, commandée par l’Officier des Equipages Robert Abraham.

Xavier LAPORTE était en poste à la mitrailleuse Vickers double affuts de 12 mm qui se trouvait sur le pont arrière. la vedette.

Tourelle double affuts de 12 mm sur le pont arrière de l’une des MTB de la 23e Flottille © Liliane Chaillet, Archives Adrien Abraham

A partir de Mars 1943, les vedettes de la 23e flottille de Motor Torpedo Boats - MTB, ont pour mission d’intercepter et détruire sur les côtes de France convois et patrouilles ennemis, principalement dans le secteur des iles anglo-Normandes. Elles s’en acquittent brillamment coulant ou endommageant plus d’une vingtaine de navires ennemis. Elles appareillent en groupes de leur base de Dartmouth, dans le sud du Devon, au coucher du soleil, pour être sur les côtes de France à la nuit, prêtes à intervenir. Elles se ti.ennent en ligne de file, très proches l'une de l'autre pour ne pas se perdre.

And never know who will come home

Sans jamais savoir qui rentrera

 

Moyra CHARLTON officier WREN évoque la 23ème flotille de MTB en 1943.                                                                           

Ce poème témoigne combien les marins français ont été encouragés, attendus,  et aimés pendant cette guerre.

 

C’est l’heure enchantée, l’heure dorée                          

Le soir, les seringas en fleur,                                                       

Comme dans un conte, le château noir                                      Se découpe sur la mer

Les collines entourent, fraîches et vertes                                  

La rivière tranquille qui coule au creux                                     

Plus tranquille qu’un souffle                                                        

Sage comme des larmes,                                                             

 Un port aimé des marins

A cette heure étrange, entre chien et loup,                                Les bateaux défilent un par un.                                                    Un par un, ils partent en mer                                                      Equipages alignés, cérémonieux,

Avec l’élégance vive et précise                                                    D’un autre âge, héritiers d’une tradition de mer.                      Mais au-delà du barrage flottant                                       

Avec un rugissement jubilatoire         

Ils s’ouvrent la route des côtes de Bretagne

Et nous, depuis les baies grandes ouvertes                              Les regardons bondir rencontrer le flot                                Nous restons là, à suivre la boucle de l’écume brillante          Sans jamais savoir qui rentrera

Nous restons là, à entendre s’évanouir le bruit du moteur

Sous la lune et le parfum des seringas

 

Texte anglais lu par Mithé Dufeil ; traduction avec l’aide d’Annick Santarelli et Oriole Arnisson-Newgass lue par Laïe Giret, le vendredi 15 septembre 2017 à l’église de la paroisse Saint Thomas de Canterbury, Kingswear.  

Parmi les nombreuses patrouilles sur les côtes de France auxquelles participent  les Havrais Roger GENTIL, Xavier LAPORTE et Jean QUERTIER (MTB 239), leurs camarades André COLAS, René LE BALLEUR (MTB 94) ainsi que Paul LEMAISTRE et Robert SPAGNOL (MTB 96), figure celle du 5 au 6 mai 1943, à laquelle participait également la MTB 227, accompagnées des Motor Gun Boats anglaises 111 et 115.

 

Elles rencontrèrent, au large des Sept-Iles, un groupe de sept dragueurs allemands. Une attaque à la torpille fut engagée par les MTB 96 et 98 mais demeura sans résultat devant la forte réaction allemande.

La MTB 239 ne put lancer ses torpilles, car au même moment un chalutier ennemi tentait de l’éperonner, avant qu’elle ne soit prise en chasse par un E-boote, une vedette lance-torpilles allemande. Les vedettes parvinrent à rompre le combat et rentrèrent au port le matin, quatre d’entre elles atteintes, dont la MTB 96 sérieusement touchée, avec 73 trous dans sa coque et plusieurs blessés dont un grave.

 

Durant le combat, la MTB 239 eut un grand nombre d’avaries suite aux bombardements des navires ennemis. Son mât radar fut d’ailleurs détruit. Dès son retour à Dartmouth, elle partit en réparation et y demeura jusqu’au 3 Août 1943.

 

Les MTB participent également à des opérations de repêchage d'aviateurs alliés en Manche, un des souvenirs parmi les plus marquants de Xavier LAPORTE [1] : le 16 Avril 1943, les MTB 94 et 239 ainsi que deux vedettes britanniques, furent déroutées au large d'Ouessant, à la recherche d'un aviateur abbatu en mer : par une chance extradordinaire, les MTB tombèrent sur le petit radeau en caoutchouc du pilote, en pleine nuit noire !

 

Promu quartier-maître fin Mars 1943, Xavier LAPORTE fut débarqué de la MTB 239 le 22 Mai 1943. Il rejoint la caserne Bir Hakeim avant d'être affecté à l'automne, sur la corvette Aconit qui venait le 12 Mars précédent  d'accomplir le double exploit de couler deux U-Boots allemands coup sur coup.

 

 

Xavier LAPORTE est décédé le 21 Avril 2001 à Sainte-Adresse.

 

Corvette Aconit- de retourde patrouille 

Copyright Fondation de la France Libre

 

En Septembre 2017, la Délégation du Souvenir des Marins de la France Libre déposait une gerbe à la plaque en mémoire des marins FNFL de  la 23e Flottille de MTB à Kingswear.

 

Ressources

 

Dossier Résistant au SHD de Vincennes (non consulté) : cote GR 16 P 338161

 

Matricules : 296 CAS40  - 4861 FN40

 

Archives Adrien Abraham, petit-fils de l’Officier des Equipages Robert Abraham.

 

(1) Témoignage de Xavier Laporte, recueilli pas son fils François-Xavier Laporte.