JULIARD Louis, alias Petit-Louis  (1899-1953) Résistance intérieure                                            Groupe Jean et Réseau Saint-Jacques

SHD Vincennes

10 septembre 2022  : remerciements à Isabelle Duhamel pour la transmission du dossier GR 16 P de Louis Juliard

Né au Havre le 15 octobre 1899, Louis Paul JULIARD, membre du Mouvement Libé Nord, commerçant au Havre, tenait le café de la gare 10 rue Charles Laffite.

Il s’est marié en avril 1924 à Lillebonne avec Louise Bouteleux et ils sont parents d’une fille prénommée Paulette.

 

Ancien de la Grande Guerre, titulaire de la Croix de Guerre 14-18, il est au printemps 1940 2e classe au 285 RAL, groupe d’artillerie de campagne, de spécialité agent de liaison moto. Il est blessé à  Vernonnet (Eure), et est fait prisonnier en mai 1940 à Argenton l’Eglise (Deux-Sèvres) ; il s’évade de Thouars en juillet 1940.

 

En novembre 1940, Il s'engage dans le Groupe JEAN (Andréani) par le biais d’Antonio Coves, et sous l’alias Petit Louis. Il facilite l’évasion de prisonniers de guerre et fait de la propagande gaulliste.

En décembre 1940, le groupement Jean est dit fusionné au Réseau Saint-Jacques, en tant que  sous-réseau  Nardan.

Ce sous-réseau aura une activité ininterrompue jusqu'à la Libération, malgré l'arrestation de son chef le lieutenant-colonel Brunau.

 

 

 

 

Louis JULIARD est intégré au réseau Saint-Jacques en Mars 1941, en tant qu'agent P1.

Il est nommé chef de secteur et reçoit la mission de former dans la région un service de renseignements et de Groupe franc d’action directe (groupe d’action et de combat).

Il participe  à l’évasion de prisonniers français et à la transmission de renseignements militaires au Réseau. Il  aide à la désertion de soldats allemands, à la  fourniture de faux papiers aux évadés et réfractaires et aux vols d’armes et de munitions.

Témoignage de Louis Juliard (rapport d’activité) :

« D’après les instructions reçues des rapports complets avec plans des emplacements de batteries, dépôts de munitions, cantonnement des troupes, base sous-marine etc…sont envoyés à Londres.

Aménagement dans les ruines de ma maison de chambres pour les agents de passage . Entre autres , hébergé « Saint Jacques » (Maurice Duclos), poursuivi par la Gestapo, et à plusieurs reprises, Nardan (Félix Brunau).

J’ai également recueilli des soldats allemands que j’ai réussi à faire déserter, les habillant, les nourrissant, etc… certains restèrent même plusieurs mois avant que j’aie eu la possibilité de les acclimater et de les faire travailler à notre profit.

Avec mon groupe et en liaison avec le P.C. parisien, fabrication de plusieurs milliers de faux-papiers remis aux prisonniers de guerre évadés ou aux réfractaires au S.T.O. (lui-même était réfractaire ndlr).

Dès 1943, constitution de dépôts d’armes, réussite de nombreux coups de main ».

Il prend  part activement à la Libération du Havre en septembre 1944.

En mai 1944, Louis JULIARD participe à des vols d’armes et de munitions au préjudice du dépôt de la Wehrmacht à la gare du Havre et, selon son témoignage, ces armes furent déposées chez lui et transportées avec Antoine Coves et (illisible) au P.C. du groupe rue Corneille et au centre F.F.I. face à l’Hôtel de ville.

Lors du débarquement du 6 juin 1944, il reste à la disposition du chef de groupe pour prendre la garde tous les deux jours aux postes assignés par celui-ci.

Plus d’un mois avant la Libération, il participe à l’exécution, après avoir recueilli des renseignements précieux, de l’interprète allemand Thomas de la Feldgendarmerie. « Mort, je l’ai enterré dans les décombres de ma bâtisse », précise -t-il dans son rapport.

 

Louis JULIARD intègre les FFI du secteur du Havre le 1er aout 1944 en tant que chef de section du Groupe Jean (Andréani), dans le secteur de la gare et il se distingue dans les combats de la Libération : « Mon corps franc a participé efficacement aux combats pour la Libération du Havre. La veille de l’arrivée des Anglais, plus de cent prisonniers étaient entre nos mains ».

Le 11 septembre 1944, « le sergent JULIARD, avec 18 hommes, a assuré la sécurité du secteur compris entre la gare et la rue Aristide Brand, a fait 15 prisonniers, et  a empêché en outre que l'ennemi fasse sauter un dépôt de munitions ainsi que l'usine électrique" (rapport Jean Andréani).

Louis reste à la disposition du chef de groupe jusqu’au 17 septembre 1944, pour assurer le service d’ordre, ramasser les munitions et empêcher les pillages.

 

 

Il est cité à l’Ordre du Corps d’Armée par Ordre général N° 348 du 18 juillet 1945, qui comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil.

« Chef de Secteur d’un dévouement et d’une bravoure remarquables, volontaire depuis février 1941 pour exécuter les missions les plus périlleuses. N’a  cessé pendant plus de trois ans à harceler l’occupant par des coups de main les plus audacieux à la tête d’un groupe franc qu’il avait formé.

A réussi en 1942 à faire déserter plusieurs soldats allemands, à les garder chez lui, et enfin à les utiliser. S’est particulièrement signalé en septembre 1944, dans les combats de la Libération de la Ville du Havre en attaquant en plein jour et en réussissant à s’emparer du dépôt d’armes et de munitions que les Allemands avaient installé en plein centre de la ville. A capturé avec son groupe une centaine d’ennemis avant l’entrée des Troupes anglaises au Havre ».

 

Louis JULIARD est décédé au Havre  le 28 avril 1953.  Il est inhumé au cimetière Sainte Marie (Division : 25, Rang : B Emplacement : 20).

Ressources

 

Dossier Résistant au SHD de Vincennes  (consulté) : cote GR 16 P  314 297 

 

Dossier aux Archives départementales de Seine Maritime (consulté)

 

Mémoire Rodrigue Serrano (consulté)