GUIADER Robert (1920-2000)  FNFL, BCRA      Réseau Emeraude et Centurie

Nos remerciements à son fils Daniel Guiader et à sa petite-fille Qwenola Guiader-Choquer ainsi qu'à Adrien Abraham

Copyright Daniel Guiader et Gwenola Guiader-Choquer

Robert GUIADER est né au Havre le 3 mai 1920 de parents d'origine bretonne.

 

Il poursuit ses études au Lycée de garçons (François 1er) de 1932 à 1940 (de la 6è à la terminale, maths, puis il suit le cours de navigation).

Il semble voir navigué à bord du naivre marchand PLM 22,  sans que nous puissions dater le cliché ci-dessus (archives Denis Guiader et Gwenola Guiader-Choquer)

Il a 20 ans lorsque, le 3 mai 1940, il est appelé sous les drapeaux. Le 22 mai, il gagne le dépôt de Cherbourg puis est évacué sur Lorient à bord du paquebot « Versailles ».

 

A la veille de la signature de l’armistice, le 21 juin, il est fait prisonnier par les Allemands, il est envoyé à Pont Scorff et Hennebont. Il est ensuite ramené à Lorient dans un lycée. Il subit l’opération de l’appendicite à l’hôpital de Bodélio pendant un bombardement.

Il est alors déporté à Nuremberg en Allemagne au Stalag XIII A, le 13 janvier 1941 avec le N° de prisonnier "3531".

Dans ce camp, il refuse de travailler, aussi est-il envoyé de force en Kommando sous surveillance spéciale. Il se blesse volontairement. Reconnu rapatriable avec la complicité d’un jeune docteur français de Bordeaux et d'un médecin autrichien, il est transféré au Stalag XII A à Limburg.

Il y rencontre Claude Alain, de Henvic, Yvin, boucher de Penzé et F. Simon, instituteur de Carantec qui deviendra Maire après la guerre.

 

Le 11 juin 1941 il est rapatrié sanitaire en France, à Satonay et Toulon, puis dans un centre d'accueil de Sciez en Haute Savoie où il reste un mois. Il se démène pour être reconnu "Apte au service à la mer".

 

Rejoindre les FFL : Une 1ère tentative infructueuse par l’Espagne …

 

Désirant rejoindre les Forces Françaises Libres en Angleterre, Robert GUIADER prend contact avec une organisation chargée de l’évasion de jeunes gens par l’Espagne. Mais sa tentative d’évasion échoue.

Le 27 juillet 1941, il retourne à Toulon et décide d'embarquer à bord du navire de guerre, le "Tarn", un pétrolier ravitailleur d'escadre.

 

Le Tarn est torpillé

 

Le 6 novembre 1941, le "Tarn" est torpillé en Méditerranée près du cap Malifou, à 12 miles de la côte. Il réussit cependant à rejoindre Alger.

En août 1942 le quartier-maître Robert GUIADER retrouve son bâtiment à Bizerte, après réparation. Il est démobilisable le 22 novembre 1942, mais le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord l'empêche de rentrer chez lui.

Le 2 décembre 1942, accompagné d’un camarade du bord, Perron Jean de Lorient et d'autres marins, il réussit à traverser l’arsenal, le lac et les lignes allemandes. Ils sont armés.

Le 3 décembre au matin, après un voyage mouvementé, 6 avions de chasse allemands les mitraillent.

 

Repris par les Allemands, mais libéré

 

Ils sont arrêtés quelques instants plus tard. Après avoir résisté, cernés dans une ferme, ils sont amenés à Sidi Abdallad où ils sont interrogés par un tribunal allemand qui le déclare coupable. Il doit être fusillé ou envoyé dans un camp de concentration, mais sur intervention de l'Etat Major, il est remis aux autorités françaises et enfermé dans une cellule, à Ferryville (Algérie).

Après 10 jours de cellule, il est libéré et rapatrié en France à bord d'un torpilleur italien, via la Sicile et l'Italie.

A Toulon il est placé en congé illimité et rejoint son domicile familial à Henvic, au lieu-dit Croas Men, le 27 décembre 1942.

 

Engagé volontaire dans les FNFL

 

Le 6 mars 1943, deux mois avant le Havrais Jacques GUYADER, Robert GUIADER  quitte Carantec pour rejoindre l'Angleterre à bord du bâtiment "S'ils te mordent, mords-les", de la filière d'évasion Sibiril, avec 8 autres évadés (Couliou, Soufflez, Bolloré, Jassaud, Thubé, Martin, Dupouget et Fourquet).

 

Ce cotre de 7 mètres avait été acquis en Juin 1940 par Gwenn-Aël Bolloré (futur membre du commando Kieffer), alors âgé  de 17 ans, en vue de gagner l'Angleterre...

Commandé par Jacques Gueguen, le petit cotre part par une mer forte, et arrive à Plymouth après 23 heures de navigation. Il transportait des documents et du courrier pour les services secrets alliés. 

 

A l'arrivée à Plymouth, Robert GUIADER  est conduit au "Patriotic School" à Londres, ancien collège de filles, siège du contre-espionnage britannique : le "M I 5".

Copyright Daniel Guiader et Gwenola Guiader-Choquer

Le S'ils te mordent  est conservé au Musée Jean Moulin à Bordeaux depuis 1985

L'histoire du bateau est conservée au Musée de la Résistance de Bordeaux

(Copyright Denis Guiader et Gwenola Guiader-Choquer)

Le 1er avril 1943 il souscrit à Londres un contrat d'engagement volontaire dans les FNFL  (avec le grade de quartier-maître),  sous le nom d’emprunt  de Joseph  LE MAISTRE.  Puis il devient un agent secret du BCRA  (Bureau Central du Renseignement et d'Action).

 

Une mission périlleuse, dans les services secrets de la France Libre

 

Le 9 avril 1943, il parle à la BBC de 21h30 à 22h00.

Après avoir suivi des cours de transmission, de sécurité et un entraînement parachutiste à Ringway, près de Manchester, il est chargé d'une mission spéciale en France, et "déposé" par un avion de liaison "Lysander" le 6 février 1944 dans la région de Nangis. Il  participe aux activités du réseau  Emeraude en tant qu'agent P2 et sous l'alias de Jean GARDIA, à compter du 1er février 1944 ;  et à celles du réseau Centurie (agent P1), à compter du 6 février 1944.

 

Arrêté à Paris et déporté à Buchenwald

 

Le 8 juillet 1944, le sous-lieutenant Robert GUIADER est arrêté par la "Gestapo" (Police Secrète d'Etat) dans le métro parisien à la station Denfert-Rochereau, puis interrogé Avenue Foch. Il est incarcéré à Fresnes et part de Pantin le 15 août en train de marchandises, pour lecamp de concentration de  Buchenwald, près de Iena, sous le N° 77322.

 

Libéré par les Américains

 

Le 11 avril 1945 vers 20h 30, les Allemands, ne voulant pas que les prisonniers soient libérés par les Américains qui approchent, font sortir les déportés du camp, parmi lesquels Robert GUIADER, et les dirigent à pied vers un pont sur l' Elbe à 14 km ; une longue marche commence...

Robert Guiader est enfin libéré par les Américains le 4 mai 1945, et rapatrié le 24 mai.

 

De retour à Henvic, Robert GUIADER continuera sa vie de marin, mais dans la Marine marchande cette fois, et jouira d'une paisible et discrète retraite auprès de son épouse Violette et de ses 5 enfants, lui qui ne recherchait ni les honneurs, ni l'exposition médiatique. Toute sa vie il restera fidèle et attaché aux cérémonies patriotiques.

Il a assuré pendant 25 ans la présidence des Anciens Combattants de Henvic. Il nous quittera en 2000 à l'âge de 80 ans.

Copyright Daniel Guiader et Gwenola Guiader-Choquer

Lors de la commémoration du 70e anniversaire de la victoire des alliés sur l'Allemagne et la fin de la Seconde Guerre mondiale, une plaque de rue a été décernée à Robert GUIADER, cet ancien Henvicois courageux et tenace, ayant activement participé à la libération de la France par ses actions dans la Résistance..

 

8 Mai 2015 à Henvic. La famille de M. Guiader, deux jeunes militaires en activité, les anciens combattants henvicois et Pierre Jourdren, président de l'Union fédérale des anciens combattants . Copyright Le Télégramme

La guerre terminée, Robert GUIADER est revenu dans sa famille à Henvic où il s'est marié à Violette. Ensemble, ils ont eu cinq enfants.

Toute sa vie, il est demeuré attaché aux cérémonies patriotiques et était président des Anciens combattants de la commune. Il est décédé en 2000 à 80 ans.

 

Copyright Daniel Guiader et Gwenola Guiader-Choquer

 Officier de la Légion d’Honneur par décret du 30 octobre 1965, le sous-lieutenant Robert Guiader était titulaire de:

- la Croix de Guerre 1939-1945 avec palmes,

- la médaille des Evadés,

- La Croix de Combattant Volontaire de la Résistance,

- La médaille de la France Libre.

Source :  d'après la biographie parue sur le site de l'AMER (association pour la découverte et la protection du patrimoine) , complétée des renseignements délivrés par son fils et sa petite-fille LIEN

Ressources

 

  • La  filière d'évasion des chantiers Sibiril de Carantec LIEN
  • La guerre du petit cotre LIEN
  • Commando de la France Libre par Gwenaël Bolloré. Editions France-Empire

AU SHD DE VINCENNES

Remerciements à Adrien Abraham pour son orientation vers les archives du SHD : 

  • Dossier de Robert GUIADER au SHD de Vincennes : Cote GR 16 P 276160
  • Dossier  de Robert GUIADER au SHD de Vincennes sur ses activités au sein du BCRA (engagement, circonstance de ralliement, interrogatoire...). Cote GR 28 P 11 / 62 (Dossier 489)
  • Dossier de Robert GUIADER au SHD de Vincennes  sur ses activités au sein du  réseau Emeraude (il peut y avoir des témoignages sur les activités antérieures) : Cote GR 28 P 4 490 / 2