CHAUVEAU Charles (1896-1963)  Résistance Réseau Confrérie Notre-Dame-de-Castille

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Charles CHAUVEAU est né le 12 Octobre 1896 à Caen.

 

Engagé volontaire dans l'Aviation durant la Grande Guerre, il était titulaire de la Croix de Guerre 14-18.

 

En 1939-1940, il est sergent pilote, instructeur de navigation, et proposé pour la Médaille Militaire 

Son ami, le résistant  capitaine aviateur Roger Dumont, le recrute et, sous le pseudonyme de Charlemagne, Charles CHAUVEAU rejoint le réseau Confrérie Notre-Dame le 1er Novembre 1941 en tant qu'agent P1. 

Carles CHAUVEAU est  à cette époque concessionnaire automobile à Paris, et  dispose d’un permis de circulation et d’un domicile au Havre. Il est célibataire (1).

 

A la fin de l'année 1941, les services de renseignements Britanniques apprennent l'utilisation par les Allemands d'un nouveau type de radar extrêmement précis. 

Diverses reconnaissances aériennes confirment la présence de ce radar à proximité du "Manoir de la Falaise". Ce radar permettait de mesurer avec précision le relevé du vol des avions, l'altitude et la distance. Ces qualités extrêmes étaient fortement convoitées par les Britanniques.

 

La Résistance va  fournir de précieux renseignements aux Britanniques pour affiner leur plan.

 

Le War Office prend contact avec le réseau de résistance Confrérie Notre Dame  de Castille, dirigé par Gilbert Renault dit Raymond, le futur Colonel Rémy.

Ce réseau est alors la seule organisation capable de mener à bien une mission de renseignement d’envergure sur la région de Bruneval, à 20 km du Havre.

Il dispose de relais au Havre et de l’un des rares postes émetteurs clandestins anglais de type A Mk I. dont Robert Delattre, dit Bob  est l’opérateur.

Le 24 Janvier 1942, Robert Delattre transmit à Gilbert Renault un message codé émanant de Londres, qui confiait la mission à Roger Dumont, alias Pol.

 

Début Février 1942, Roger Dumont et Charles CHAUVEAU se rendent à Bruneval où les propriétaires de l’hôtel du Beauminet les renseignent sur les troupes allemandes cantonnées dans le vallon. Puis ils vont sur la plage où une sentinelle complaisante leur permet, à son insu, d’obtenir les informations dont ils ont besoin. Ces renseignements sont transmis à Londres le 8 Février. 

 

Informations collectées par Pol et Charlemagne : "-9-2-42- De Raymond (code A) N°82. - Aucun entrainement spécial. Stop. Cinq dans la maison du secundo ci-dessus vingt cinq travailleurs le jour aux abris et blockhaus pour batterie du cap d'Antifer et couchant le soir au restaurant Beauminet dernière maison sur la droite et à cinq cents mètres de la plage juste avant la route Saint-Jouin. Sexto, soixante hommes à la Poterie même classe que ceux du quinto logés dans école et mairie. Septimo, autant à Saint-Jouin. Aucune méfiance. Fin." (2)

 

Grâce aux collectes de renseignements effectuées par les résistants Havrais, les alliés purent reconstituer une maquette très précise du site. La plage de Bruneval étant déjà puissamment fortifiée et très surveillée, une attaque de front ne pouvait avoir l'effet de surprise escompté. La décision est alors prise d'organiser une opération aéroportée, par l'arrière du "Manoir de la Falaise", avec un groupe de parachutistes qui devrait être évacué par mer sur la Grande-Bretagne après l'opération. 

 

Sénommée "opération Biting - coup de croc", le raid sur Saint-Jouin de Bruneval, les 27 et 28 Février 1942, fut un plein succès :

 

OPERATION BITING : Dans la nuit du 27 au 28 février 1942, les communes de Saint-Jouin-Bruneval et de La Poterie-Cap-d’Antifer furent le théâtre d’une des toutes premières opérations militaires alliées sur le territoire français combinant la marine, l’aviation et l’armée de terre, avec le concours de la Résistance française. L’objectif du raid est de s’emparer des pièces principales composant un type de radar alors inconnu des Britanniques et présentant un réel danger pour leur aviation. Le 28 février vers minuit, 119 parachutistes de la Royal Air Force sont largués au-dessus de La Poterie-Cap-d’Antifer et de Saint-Jouin-Bruneval. Ils parviennent à neutraliser les forces allemandes et à s’emparer des éléments essentiels du radar. Trois heures plus tard, ils réembarquent de la plage de Bruneval à bord de péniches de débarquement et de vedettes rapides, avec les pièces du radar et trois prisonniers allemands. Les pertes sont de deux tués, 8 blessés et 6 disparus. L’Opération Biting est un incontestable succès.

 

Des Havrais, membres d'équipage  des Chasseurs de sous-marins FNFL, participèrent à l'escorte et au rembarquement  des parachustistes ayant effectué l'opération : Yves BOJU, commandant du CH Lavandou, Jules BESSE et Henri VANNESTE.

 

Memorial de Saint-Jouin Bruneval

 

Le colonel Rémy qui se trouvait alors à Londres adressa à Roger Dumont un télégramme de remerciements et de félicitations au nom du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) et « de nos amis anglais ».

 

Mais un mois plus tard, le 1er avril 1942, Roger Dumont était arrêté par les autorités allemandes, sur les indications arrachées au chef du service radio de la CND, Roger Subsol. À la fin du mois de mai, Robert Delattre, était arrêté à son tour. Battu pendant des heures, il finit par donner les clés d’un code qu’il savait ne plus être utilisé. Malheureusement, il permit aux services allemands de déchiffrer les messages enregistrés au cours des mois précédents, parmi lesquels le télégramme de félicitations adressé à Roger Dumont, signant du même coup son arrêt de mort.

Détenu à Fresnes, Roger Dumont fut jugé par le tribunal de guerre de l’hôtel Crillon, siège du commandant militaire de Paris, avec treize autres membres de la CND. Tous étaient inculpés « d’espionnage ». Le procès s’ouvrit le 23 mars 1943 sous la présidence de l’Oberfeldjustizvertreter Herr Major Seudler. Le 9 avril, douze condamnations à mort étaient prononcées.

Concernant Roger Dumont, le major Seudler résuma ainsi les motifs : « Officier d’aviation, expert questions Luftwaffe. Connaissait les chefs. N’a pas avoué, mais charges accablantes. Peine de mort. »

Roger Dumont fut exécuté avec ses camarades le 13 mai 1943 au Mont-Valérien.

 

Le site Memoresist (3) indique par ailleurs  que  "Le garagiste du Havre, « Charlemagne », Charles Chauveau, fut arrêté, torturé et tué". Mais l'état-civil indique qu'il est mort à Paris le 29 octobre 1963.

 

Le 30 mars 1947, à l’occasion de l’inauguration du premier monument de Bruneval, le général de Gaulle prononça iun discours historique qui rendit hommage à la Résistance française, en présence de 20 000 personnes.

 

présent et l'avenir de la Nation, en faisant refleurir en elle, dans le sang et dans les larmes, la conscience de son unité.

Ressources 

 

Dossier Résistant au SHD de Vincennes (non consulté) : GR 16 P 124 529

 

(1) Fiche de Charles Chauveau, agent du Réseau Notre-Dame-de-Castille Lien

 

 

(2 ) Site de l'opération Bruneval Lien

 

(3) Memoresist Lien

 

Page de Roger Dumont sur le site du Maitron  Lien